En se perfectionnant, l’industrie française, au cours des années soixante-dix, s’essaye à l’efficacité. Elle va permettre aux couturiers qui en saisissent l’enjeu de jouer à fond la carte du prêt-à-porter.
Dès 1966, Courreges ouvre à Paris ses premières boutiques, puis deux grands magasins à New York et Houston. Sous l’impulsion de son directeur, Francois Baufumé, vingt-huit boutiques verront le jour aux États-Unis entre 1970 et 1976. L’autre leader de cette démocratisation est évidemment Yves Saint Laurent. Avec la collaboration des usines Mendes et celle de son studio dirigé par Anne-Marie Munoz, « Saint Laurent Rive Gauche » confère à la notion du « tout fait » une dimension nouvelle. Il travaille avec des créateurs d’accessoires, des chausseurs qui lui proposent de nouvelles formes… Des stylistes pour le sac à main, les bijoux…
Le prêt-à-porter haut de gamme
Immédiatement consommable, d’une créativité plus libre que celle de la couture, « Rive Gauche » sait d’emblée anticiper sur le désir d’une clientèle certes traditionnelle mais éprise de nouveauté. Ainsi, en cycles réguliers au cours des vingt années suivantes, Yves Saint Laurent, sans jamais se contredire, ne cessera de renouveler son style. Tout en conservant, fait unique jusqu’ici, la double maitrise de sa haute couture et de son prêt-à-porter à succès. Successeur d’Yves Saint Laurent chez Christian Dior, Marc Bohan poursuit l’œuvre entreprise. Tandis que la maison confie à Philippe Guibourgé le lancement d’une ligne bis « Miss Dior ». Son peu de succès conduira au départ du styliste en 1975.
Il entre alors chez Chanel pour instaurer la première ligne de prêt-à-porter d’une maison dont les premières d’atelier, après la mort de Mademoiselle, continuent à concevoir sans pilote deux collections couture chaque année. L’inusable tailleur gansé, alors adopté comme valeur refuge par une clientèle entre deux âges, fait merveille en ces années de transition chez les quelques femmes ministres ou PDG et les épouses de Chefs d’État. Celles-ci, il est vrai, ne disposent pas encore du look « executive woman » que va bientôt mettre au point Giorgio Armani.
Les nouveaux couturiers bousculent la mode française
Puis tous ceux qui constituent, aujourd’hui, la lointaine postérité de Redfern. Celui qui, dès avant 1900, avait créé pour une altesse royale la première tenue au masculin-féminin. Guibourgé restera sept années chez Chanel, où ses propositions comme le premier tailleur en cuir noir, les lignes rajeunies, les jupes raccourcies, vaudront à la vieille maison les premiers succès, augurant le comeback qu’orchestra, à partir de 1983, Karl Lagerfeld.